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 Le chant de la Forêt - Mythe Pygmée -

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MessageSujet: Le chant de la Forêt - Mythe Pygmée -   Le chant de la Forêt - Mythe Pygmée - I_icon_minitimeSam 18 Sep 2010 - 10:22

Je siffle dans les rameaux de papayer
Je chante un miel joyeux pour ma forêt,

Père, Mère qui se réveille,

Et rit des ses enfants.


Le peuple des arbres que tu appelles Pygmées connaît le son des fleurs. Ici,tout chante à tout instant. Tu me dis que tu viens d'un pays sans forêt, sans antilopes, sans gorilles ni pangolins. Je veux bien te croire et suis triste pour Toi et pour ton peuple. Tu n'es pas né dans un pays riche. Dans ma forêt,pas de sans-logis, pas de conflit qui vaille la peine de s'entretuer, pas de confort. Ici, il y a des sentiers pour les pensées du Soleil et le tronc sage et puissants des pakas qui récolte la lumière. La forêt est bonne. Elle est vaste, mais je n'ai pas peur. Je ne crains que les géants qui abattent les arbres.

Voici un likàno, un conte de mon peuple pour le dire au tien, nàngomà te là-kpàje, avec l'œil du chemin. Au temps lointain où les conteurs n'étaient pas nés, il n'y avait pas de forêt. Les abeilles avaient trop chaud. De part et d'autre du fleuve, les plateaux arides attendaient la pluie de graines pour enfanter. Le Créateur était assis dans sa case. Il entendit venir les abeilles. Au même moment arrivaient nos ancêtres, deux Bakas, bavards, nà ngomà mo'ngombela,de petite taille, nus, sans défense mais capables de rêver. Eux aussi venaient le supplier de créer un territoire qui les protège: pour que les plus petits cheminent hors de portée des géants, qu'ils puissent vivre sous la protection d'une forêt, dans une famille d'êtres vivants.

Le créateur les regardait, les écoutait, ravi. Il se souvenait de les avoir créés de sa salive et de terre rouge, blanche et noire. Il en avait fait de petites statues et leur avait parlé pour qu'ils s'éveillent.Ils étaient bavards à présent: l'un lui demandait de créer une multitude d'arbres, des frères de bois qu'il pourrait fabriquer pour eux. Il imaginait des calebasses, des aubergines amères et du café. L'autre suggérait un grand assortiment de bêtes,parlait entraide, prospérité. Le chant des abeilles se mêlait à leurs voix.Elles rêvaient de fleurs, de gorilles et d'éléphants. Elles rêvaient de porc-épic, d'écureuils, de léopards. Elles espéraient d'autres petits hommes comme ceux là, des Bakas, par grappe de cinquante âmes, pour jouer avec eux à cache cache dans la forêt. Elles déposeraient pour eux - promis juré-suffisamment de miel dans les arbres et elles nourriraient ce petit peuple pacifique qui savait déjà si bien bourdonner.

Alors Komba imagina des arbres pour qu'ils dansent avec le vent, protègent le petit peuple ami et donnent de l'ombre aux abeilles. Comme elles voulaient jouer et que leur ruche fut trouvée, il rêva à l'oiseau Mbeleko; il aurait mission de les diriger. Il pensait faire de fines oreilles aux Bakas pour qu'ils entendent le chant des arbres et puissent leur parler. Il leur donnerait la créature rouge pour qu'ils se protègent du froid. Il leur donnerait les animaux de la terre, de l'eau et du ciel, pour qu'ils n'aient jamais faim et que leur pensée soit aussi libre et pure qu'une bête.

Komba rentra dans sa case et en ressorti tenant un arbre minuscule dans la main. Il s'approcha de la rive, le planta, alla s'asseoir, satisfait, l'œil vif, les bras croisés. Il ferma les yeux et entra profondément dans son rêve.Les abeilles se réunirent comme un seul être, et les deux Bakas, après quelquestentatives sonores pour attirer l'attention de Komba, prièrent en silence, sejoignant aux abeilles et au Créateur de toutes choses, apprenant à chasser yekeyeke,la pagaille des mots, pour épouser le temps de l'arbre. Quand ils ouvrirent les yeux, l'arbuste était devenu immense. Le soleil du zénith était caché. Quand l'arbre eut recouvert tout l'horizon, Komba le frappa avec la paume de sa main. Un déluge de graines se déversa sur les plateaux et là où elles touchaient le sol, un arbre poussait. Devant les Bakas, le Créateur secoua le géant. Les feuilles se mirent à voleter, à tomber vers la terre ou le fleuve. Quand elles touchaient le sol, l'eau ou le ciel, une bête émergeait de ses songes. Komba prit des noix de nkula, les frotta dans ses mains et souffla dessus. Il en prit d'autres, les suça, les mit dans l'eau.

Ainsi, il fit des hommes et des femmes, des Bakas par grappes de cinquante âmes. Il prit un os, des feuilles de la craie, fit une bouillie, la mit sur leur langue afin qu'ils parlent celle des oiseaux.

Yao yao oh oh yélé
! Le temps pour Komba d'allumer sa pipe et de chercher sa petite harpe akwa, et notre monde était fait.


Ainsi sont nés les arbres, les tortues, les bonobos, nos grand-mères et nos petits frères.
Je suis né dans un pays riche, sans chef et sans prison.
La forêt est bonne.
Elle est vaste, mais je n'ai pas peur.
Je ne crains que les géants qui abattent les arbres.


Peut être Komba veut-il que vous écoutiez nos contes et que vous appreniez à jouer avec les abeilles.

***Extrait du livre de contes: "contes des sages nomades" de Patrick Fischmann aux éditions le seuil
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