Bienvenue en Arcadie Le forum Arcadie est un havre de paix et de sagesse aux parfums de philosophie païenne et de magie… |
| | Voyages poétiques | |
| | Auteur | Message |
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tinymaab Animatrice "Les pèlerins de la sagesse"
| Sujet: Voyages poétiques Dim 11 Juil 2010 - 2:35 | |
| La barque mystérieuseLa nuit dernière, quand tout dormait, Et que dans la rue, on entendait à peine Les soupirs incertains du vent, Mes oreillers ne me donnaient pas le sommeil Ni le pavot, ni ce qui fait profondément Dormir, la bonne conscience.
Enfin, renonçant au sommeil, Je courus vers la plage. Il faisait clair et doux et, dans le sable chaud, Je trouvai l'homme avec sa barque. Tous deux sommeillaient, le berger et la brebis: Sommeillante, la barque quitta la rive.
Une heure se passa, peut-être deux, Ou bien était-ce une année? Quand soudain mes sens et ma pensée furent plongés Dans une éternelle inconscience, Et un gouffre s'ouvrit, Sans borne: c'était fini!
Le matin vint, sur de noires profondeurs Une barque se repose et se repose encore Qu'est-il arrivé? Un cri s'élève Cent cris: qu'y-a-t-il? Du sang? Rien n'est arrivé! Nous avons dormi, dormi, Tous, hélas! C'était bon! si bon!F. Nietzsche, Le Gai Savoir | |
| | | liliambre Membre d'Arcadie
| Sujet: Re: Voyages poétiques Dim 11 Juil 2010 - 14:03 | |
| oh!!!!!! merci tiny.... et cette photo .....quelle beauté | |
| | | tinymaab Animatrice "Les pèlerins de la sagesse"
| Sujet: Re: Voyages poétiques Dim 11 Juil 2010 - 23:15 | |
| De rien miss... ravie que ça te plaise!!! Et oui, Nietzsche est un grand poète, on ne le dit pas assez...
Entre amis
Il est beau de se taire ensemble, Plus beau de rire ensemble, Sous la tente d'un ciel de soie, Adossés à la mousse du hêtre, De rire affectueusement entre amis, d'un rire clair, Et de se montrer de blanches dents.
Si j'ai bien fait, nous nous tairons; Si j'ai mal fait, nous rirons Et de plus en plus mal ferons, Plus mal ferons, plus mal rirons, Jusqu'à ce que nous descendions dans la fosse.
Amis! Oui! Cela doit-il être? Amen! et au revoir!
F. Nietzsche, Humain trop humain
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| | | tinymaab Animatrice "Les pèlerins de la sagesse"
| Sujet: Abîme - L'Homme , de Victor Hugo Ven 27 Mai 2011 - 14:40 | |
| Je suis l'esprit, vivant au sein des choses mortes. Je sais forger les clefs quand on ferme les portes ; Je fais vers le désert reculer le lion ; Je m'appelle Bacchus, Noé, Deucalion ; Je m'appelle Shakspeare, Annibal, César, Dante ; Je suis le conquérant ; je tiens l'épée ardente, Et j'entre, épouvantant l'ombre que je poursuis, Dans toutes les terreurs et dans toutes les nuits. Je suis Platon, je vois ; je suis Newton, je trouve. Du hibou je fais naître Athène, et de la louve Rome ; et l'aigle m'a dit : Toi, marche le premier ! J'ai Christ dans mon sépulcre et Job sur mon fumier. Je vis ! dans mes deux mains je porte en équilibre L'âme et la chair ; je suis l'homme, enfin maître et libre ! Je suis l'antique Adam ! j'aime, je sais, je sens ; J'ai pris l'arbre de vie entre mes poings puissants ; Joyeux, je le secoue au-dessus de ma tête, Et, comme si j'étais le vent de la tempête, J'agite ses rameaux d'oranges d'or chargés, Et je crie : " Accourez, peuples ! prenez, mangez ! " Et je fais sur leurs fronts tomber toutes les pommes ; Car, science, pour moi, pour mes fils, pour les hommes, Ta sève à flots descend des cieux pleins de bonté, Car la Vie est ton fruit, racine Éternité ! Et tout germe, et tout croît, et, fournaise agrandie, Comme en une forêt court le rouge incendie, Le beau Progrès vermeil, l'oeil sur l'azur fixé, Marche, et tout en marchant dévore le passé. Je veux, tout obéit, la matière inflexible Cède ; je suis égal presque au grand Invisible ; Coteaux, je fais le vin comme lui fait le miel ; Je lâche comme lui des globes dans le ciel. Je me fais un palais de ce qui fut ma geôle ; J'attache un fil vivant d'un pôle à l'autre pôle ; Je fais voler l'esprit sur l'aile de l'éclair ; Je tends l'arc de Nemrod, le divin arc de fer, Et la flèche qui siffle et la flèche qui vole, Et que j'envoie au bout du monde, est ma parole. Je fais causer le Rhin, le Gange et l'Orégon Comme trois voyageurs dans le même wagon. La distance n'est plus. Du vieux géant Espace J'ai fait un nain. Je vais, et, devant mon audace, Les noirs titans jaloux lèvent leur front flétri ; Prométhée, au Caucase enchaîné, pousse un cri, Tout étonné de voir Franklin voler la foudre ; Fulton, qu'un Jupiter eût mis jadis en poudre, Monte Léviathan et traverse la mer ; Galvani, calme, étreint la mort au rire amer ; Volta prend dans ses mains le glaive de l'archange Et le dissout ; le monde à ma voix tremble et change ; Caïn meurt, l'avenir ressemble au jeune Abel ; Je reconquiers Éden et j'achève Babel. Rien sans moi. La nature ébauche ; je termine. Terre, je suis ton roi. | |
| | | tinymaab Animatrice "Les pèlerins de la sagesse"
| Sujet: Abîme - La voie lactée , de Victor Hugo Ven 27 Mai 2011 - 14:53 | |
| Millions, millions, et millions d'étoiles ! Je suis, dans l'ombre affreuse et sous les sacrés voiles, La splendide forêt des constellations. C'est moi qui suis l'amas des yeux et des rayons, L'épaisseur inouïe et morne des lumières, Encor tout débordant des effluves premières, Mon éclatant abîme est votre source à tous. O les astres d'en bas, je suis si loin de vous Que mon vaste archipel de splendeurs immobiles, Que mon tas de soleils n'est, pour vos yeux débiles, Au fond du ciel, désert lugubre où meurt le bruit, Qu'un peu de cendre rouge éparse dans la nuit ! Mais, ô globes rampants et lourds, quelle épouvante Pour qui pénétrerait dans ma lueur vivante, Pour qui verrait de près mon nuage vermeil ! Chaque point est un astre et chaque astre un soleil. Autant d'astres, autant d'immensités étranges, Diverses, s'approchant des démons ou des anges, Dont les planètes font autant de nations ; Un groupe d'univers, en proie aux passions, Tourne autour de chacun de mes soleils de flammes ; Dans chaque humanité sont des coeurs et des âmes, Miroirs profonds ouverts à l'oeil universel, Dans chaque coeur l'amour, dans chaque âme le ciel ! Tout cela naît, meurt, croît, décroît, se multiplie. La lumière en regorge et l'ombre en est remplie. Dans le gouffre sous moi, de mon aube éblouis, Globes, grains de lumière au loin épanouis, Toi, zodiaque, vous, comètes éperdues, Tremblants, vous traversez les blêmes étendues, Et vos bruits sont pareils à de vagues clairons, Et j'ai plus de soleils que vous de moucherons. Mon immensité vit, radieuse et féconde. J'ignore par moments si le reste du monde, Errant dans quelque coin du morne firmament, Ne s'évanouit pas dans mon rayonnement.
Les Nébuleuses
A qui donc parles-tu, flocon lointain qui passes ? A peine entendons-nous ta voix dans les espaces. Nous ne te distinguons que comme un nimbe obscur Au coin le plus perdu du plus nocturne azur. Laisse-nous luire en paix, nous, blancheurs des ténèbres, Mondes spectres éclos dans les chaos funèbres, N'ayant ni pôle austral ni pôle boréal : Nous, les réalités vivant dans l'idéal, Les univers, d'où sort l'immense essaim des rêves, Dispersés dans l'éther, cet océan sans grèves Dont le flot à son bord n'est jamais revenu ; Nous les créations, îles de l'inconnu !
L'Infini
L'être multiple vit dans mon unité sombre.
Dieu
Je n'aurais qu'à souffler, et tout serait de l'ombre. | |
| | | Gabriel Admin
| Sujet: Re: Voyages poétiques Ven 27 Mai 2011 - 18:12 | |
| C'est magnifique. Et tu as bien fait de poster ici, ça m'a fait aussi redécouvrir le tout premier poème que j'avais oublié Merci | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyages poétiques Ven 27 Mai 2011 - 19:36 | |
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| Sujet: Re: Voyages poétiques | |
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| | | | Voyages poétiques | |
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