Bienvenue en Arcadie Le forum Arcadie est un havre de paix et de sagesse aux parfums de philosophie païenne et de magie… |
| | Contes philosophiques | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: l'arbre magique Lun 27 Aoû 2007 - 22:13 | |
| "Un voyageur très fatigué s'assit à l'ombre d'un arbre sans se douter qu'il venait de trouver un arbre magique, "l'Arbre à Réaliser des Souhaits". Assis sur la terre dure, il pensa qu'il serait bien agréable de se retrouver dans un lit moelleux. Aussitôt, ce lit apparut à côté de lui. Étonné, l'homme s'y installa en disant que le comble du bonheur serait atteint si une jeune fille venait masser ses jambes percluses. La jeune fille apparut et le massa très agréablement. « J'ai faim, se dit l'homme, et manger en ce moment serait à coup sûr un délice. » Une table surgit, chargée de nourritures succulentes. L'homme se régala. Il mangea et il but. La tête lui tournait un peu. Ses paupières, sous l'action du vin et de la fatigue, s'abaissaient. Il se laissa aller de tout son long sur le lit, en pensant encore aux merveilleux évènements de cette journée extraordinaire. « Je vais dormir une heure ou deux, se dit-il. Le pire serait qu'un tigre passe par ici pendant que je dors. » Un tigre surgit aussitot et le dévora." Vous avez en vous un Arbre à souhait qui attend vos ordres. Mais attention, il peut aussi réaliser vos pensées négatives et vos peurs. En tout cas, il peut être parasité par elles et se bloquer. C'est le mécanisme des soucis. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Contes philosophiques Mar 28 Aoû 2007 - 12:23 | |
| -Parfaitement! et l'arbre peut aussi etre parasité! malheureusement! merci pour le message! paix et amour hydra |
| | | maéwin
| Sujet: Re: Contes philosophiques Mar 28 Aoû 2007 - 22:05 | |
| ... ... ... Elle est bien cette histoire, presqu'une parabole. J'aime bien.... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Les 3 portes Ven 5 Oct 2007 - 10:51 | |
| Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince courageux, habile et intelligent. Pour parfaire son apprentissage de la Vie, il l'envoya auprès d'un Vieux Sage. "Eclaire-moi sur le Sentier de la Vie", demanda le Prince. "Mes paroles s'évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable, répondit le Sage. Cependant je veux bien te donner quelques indications. Sur ta route, tu trouveras 3 portes. Lis les préceptes indiqués sur chacune d'entre elles. Un besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t'en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t'en dire plus. Tu dois éprouver tout cela dans ton coeur et dans ta chair. Va, maintenant. Suis cette route, droit devant toi." Le Vieux Sage disparut et le Prince s'engagea sur le Chemin de la Vie. Il se trouva bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire "CHANGE LE MONDE". "C'était bien là mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, d'autres ne me conviennent pas." Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l'ivresse du conquérant, mais pas l'apaisement du coeur. Il réussit à changer certaines choses mais beaucoup d'autres lui résistèrent. Bien des années passèrent. Un jour il rencontra le Vieux Sage qui lui demande : "Qu'as-tu appris sur le chemin ?" "J'ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui m'échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n'en dépend pas". "C'est bien, dit le Vieil Homme. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise." Et il disparut. Peu après, le Prince se trouva face à une seconde porte. On pouvait y lire "CHANGE LES AUTRES". "C'était bien là mon intention, pensa-t-il. Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, d'amertume et de frustration." Et il s'insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Ce fut là son deuxième combat. Bien des années passèrent. Un jour, alors qu'il méditait sur l'utilité de ses tentatives de changer les autres, il croisa le Vieux Sage qui lui demanda : "Qu'as-tu appris sur le chemin ?" "J'ai appris, répondit le Prince, que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n'en sont que le révélateur ou l'occasion. C'est en moi que prennent racine toutes ces choses." "Tu as raison, dit le Sage. Par ce qu'ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même. Soit reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux la Vie t'enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir." Et le Vieil Homme disparut. Peu après, le Prince arriva devant une porte où figuraient ces mots "CHANGE-TOI TOI-MEME". "Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c'est bien ce qui me reste à faire," se dit-il. Et il entama son 3ème combat. Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal. Après bien des années de ce combat où il connut quelque succès mais aussi des échecs et des résistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda : Qu'as-tu appris sur le chemin ?" "J'ai appris, répondit le Prince, qu'il y a en nous des choses qu'on peut améliorer, d'autres qui nous résistent et qu'on n'arrive pas à briser." "C'est bien," dit le Sage. "Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être las de ma battre contre tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ? Quand trouverai-je le repos ? J'ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lâcher prise." "C'est justement ton prochain apprentissage, dit le Vieux Sage. Mais avant d'aller plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru." Et il disparut. Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la 3ème porte et s'aperçut qu'elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait "ACCEPTE-TOI TOI-MEME." Le Prince s'étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu'il avait franchi la porte la première fois, dans l'autre sens. "Quand on combat on devient aveugle, se dit-il." Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu'il avait rejeté et combattu en lui : ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s'aimer lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer. Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda : "Qu'as-tu appris sur le chemin ?" "J'ai appris, répondit le Prince, que détester ou refuser une partie de moi, c'est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même. J'ai appris à m'accepter moi-même, totalement, inconditionnellement." "C'est bien, dit le Vieil Homme, c'est la première Sagesse. Maintenant tu peux repasser la 3ème porte." A peine arrivé de l'autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut "ACCEPTE LES AUTRES". Tout autour de lui il reconnut les personnes qu'il avait côtoyées dans sa vie ; celles qu'il avait aimées comme celles qu'il avait détestées. Celles qu'il avait soutenues et celles qu'il avait combattues. Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l'avait tellement gêné et contre quoi il s'était battu. Il rencontra à nouveau le Vieux Sage. "Qu'as-tu appris sur le chemin ?" demanda ce dernier. J'ai appris, répondit le Prince, qu'en étant en accord avec moi-même, je n'avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d'eux. J'ai appris à accepter et à aimer les autres totalement, inconditionnellement." "C'est bien," dit le Vieux Sage. C'est la seconde Sagesse. Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte. Arrivé de l'autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut "ACCEPTE LE MONDE". Curieux, se dit-il, que je n'aie pas vu cette inscription la première fois. Il regarda autour de lui et reconnut ce monde qu'il avait cherché à conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l'éclat et la beauté de toute chose. Par leur perfection. C'était pourtant le même monde qu'autrefois. Etait-ce le monde qui avait changé ou son regard ? Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda. "Qu'as-tu appris sur le chemin ?" "J'ai appris, dit le Prince, que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n'est ni triste ni gai. Il est là ; il existe ; c'est tout. Ce n'était pas le monde qui me troublait, mais l'idée que je m'en faisais. J'ai appris à accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement." C'est la 3ème Sagesse, dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde." Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le Silence l'habita. "Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil, dit le Vieux Sage, celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du Silence". Et le Vieil Homme disparut. |
| | | maéwin
| Sujet: Re: Contes philosophiques Ven 5 Oct 2007 - 21:23 | |
| C'est très beau Jade. Belle leçon de Vie, à appliquer tout les jours. Merci encore Jade, j'aime vraiment beaucoup ! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Le petit garçon et les ballons Ven 23 Nov 2007 - 16:32 | |
| Un petit noir regarde un marchand de ballons dans la rue. Ses yeux brillent. Il y a des ballons de toutes les couleurs, rouges, bleus, blancs, noirs, jaunes... Le vieux monsieur qui vend les ballons voit le garçon qui hésite, puis prend son courage à deux mains et s'approche de lui. "Dis Monsieur, est-ce que les ballons noirs volent aussi haut que les autres ?" Le vieux Monsieur a presque la larme à l'oeil. Il prend le garçon dans les bras, l'installe sur un muret et lui dit : "Regarde" Il lâche tous ses ballons qui s'envolent en grappe et montent, montent, montent dans le ciel jusqu'à disparaître tous tellement ils sont hauts. "Tu as vu ?" "Oui" "Est-ce que les ballons noirs sont montés aussi haut que les autres ?" "Oui Monsieur" "Tu vois, mon garçon, les ballons, c'est comme les hommes. L'important ce n'est pas leur couleur, ce n'est pas l'extérieur. Non, l'important, c'est CE QU'IL Y A EN EUX. C'est ce qu'il y a en toi qui fera toute la différence dans ta vie." Amitiés |
| | | Korrigan
| Sujet: Re: Contes philosophiques Sam 24 Nov 2007 - 15:55 | |
| oui, très jolie parabole Amicalement Korrigan | |
| | | Invité Invité
| Sujet: L'histoire du cordon violet Mar 27 Nov 2007 - 15:29 | |
| Un prof avait l'habitude, en fin d'études, de donner un cordon violet sur lequel on pouvait lire "Qui je suis fait toute la différence" imprimé en lettres dorées. Il disait à chaque étudiant à cette occasion pourquoi il l'appréciait et pourquoi le cours était différent grâce à lui. Un jour, il a l'idée d'étudier l'effet de ce processus sur la communauté, et envoie ses étudiants remettre des cordons à ceux qu'ils connaissent et qui "font la différence". Il leur donne 3 cordons en leur demandant ceci : "Remettez un cordon violet à la personne de votre choix en lui disant pourquoi elle fait la différence pour vous, et donnez-lui deux autres cordons pour qu'elle en remette un elle-même et ainsi de suite. Faites-moi ensuite un compte-rendu des résultats." L'un des étudiant s'en va, et va le remettre à son patron (car il travaillait à mi-temps) un gars assez grincheux, mais qu'il appréciait. "Je vous admire beaucoup pour tout ce que vous faites, pour moi vous êtes un véritable génie créatif et un homme juste. Accepteriez-vous que j'accroche ce cordon violet à votre veste en témoignage de ma reconnaissance ?" Le patron est surpris, mais répond "Eh bien, euh, oui, bien sûr..." Le garçon continue "Et accepteriez-vous de prendre des 2 autres cordons violets pour les remettre à quelqu'un qui fait toute la différence pour vous, comme je viens de le faire ? C'est pour une enquête que nous menons à l'université." "D'accord" Et voilà notre homme qui rentre chez lui le soir, son cordon à la veste. Il dit bonsoir à son fils de 14 ans, et lui raconte : "Il m'est arrivé un truc étonnant aujourd'hui. Un de mes employés m'a donné un cordon violet sur lequel il est écrit, tu peux le voir, "Qui je suis fait toute la différence". Il m'en a donné un autre à remettre à quelqu'un qui compte beaucoup pour moi. La journée a été dure, mais en revenant je me suis dit qu'il y a une personne, un seule, à qui j'aie envie de le remettre. Tu vois, je t'engueule souvent parce que tu ne travailles pas assez, que tu ne pense qu'à sortir avec tes copains et que ta chambre est un parfait foutoir... mais ce soir je voulais te dire que tu es très important pour moi. Tu fais, avec ta mère, toute la différence dans ma vie et j'aimerais que tu acceptes ce cordon violet en témoignage de mon amour. Je ne te le dis pas assez, mais tu es un garçon formidable !" Il avait à peine fini que son fils se met à pleurer, pleurer, son corps tout entier secoué de sanglots. Son père le prend dans ses bras et lui dit "Ca va, ça va... est-ce que j'ai dit quelque chose qui t'a blessé ?" "Non papa... mais.. snif... j'avais décidé de me suicider demain. J'avais tout planifié parce que j'étais certain que tu ne m'aimais pas malgré tous mes efforts pour te plaire. Maintenant tout est changé..." -------------------------------------------------------------- "Un enfant qu'on approuve apprend à s'accepter." Dorothy Nolte "Un mot prononcé avec bienveillance engendre la confiance. Une pensée exprimée avec bienveillance engendre la profondeur. Un bienfait accordé avec bienveillance engendre l'amour." Lao Tseu |
| | | Invité Invité
| Sujet: voir la Lumière Sam 26 Jan 2008 - 12:15 | |
| - Un matin ,un petit garçon me demanda :"Dis ,crois-tu que c'est possible de ne pas voirl a Lumière? est-ce que tu crois que c'est possible ,quand on souffre vraiment de ne pas voir le soleil ? Avec une grande douceur ,je répondis:"Quand on souffre vraiment beaucoup ,je crois que c'est possible,mais si la nuit ,les étoiles relaient le soleil ,c'est pour ne pas laisser s'éteindre l'espérance...Il faut réapprivoiser la Lumière... il dit :"Réapprivoiser la Lumière,avec insistance ?" Je répondis :"Réapprivoiser la Lumière ,c'est prendre le temps de redécouvrir les paysages aux alentours de soi et ouvrir son Ame à leur langage... "Redécouvrir les paysages aux alentours de soi...ouvrir son ame à leur langage... Il laissait un par un mes mots sillonner à l'intérieur de lui.Comme il se taisait,je dis :"Tu sais ,dans chaque souffrance ,il y a un bout de chemin qui va vers le printemps."et il répéta :"dans chaque souffrance ,il y a un bout de chemin qui va vers le printemps comme un soleil caché qui féconde les éclosions..." "Tu parles comme un jardinier " dit -il étrangement ému et meme temps qu'il remarquait les prmières perce-neiges sorties de la terre. Au mot jardinier ,je lui pris la main et un long moment s'écoula... "Tout le monde st un peu jardinier,tout le monde est responsable d'un jardin,"observai-jeJe poursuivis:"C'est très important de savoir jardiner c'est très important de vouloir un beau jardin parce qu'en réalité,c'est dans le jardin de chacun que le monde se dessine" "C'est dans le jardin de chacun que le monde se dessine...C'est trop grand pour moi,le monde ,fit-il remarquer ,en souriant à ton avis ,il faut combien de temps pour avoir un beau jardin ?" Je réfléchis un moment avant de répondre:"Je crois qu'on n'a jamais fini avec un jardin,il y a les saisons qu'il traverse il y a le terrain sur lequel on sème il y a les plantes qui se rebellent contre la terre mais quand on l'entretient,quand on l'aime fort ,surtout ,alors ,le jardin devient beau !" Puis,je répétai:"Quand on l'aime surtout avec le regard" "Le regard?"fit-il un peu surpris! "Le regard que l'on pose sur lui,un jardin a besoin de se sentir regardé avec amour pour etre beau quelles que soient ses saisons quel que soit le terrain quelles que soient ses pousses à ces regards-là,il fleurit à ces regards -là ,il donne des fleurs inattendues ,simplement parce qu'il se sent aimé." "Je comprends bien" fit-il après avoir été au coeur des mots,ces mots qui nous prennent par la main ces mots qui nous atteignent en majuscules... |
| | | tinymaab Animatrice "Les pèlerins de la sagesse"
| Sujet: Contes philosophiques Jeu 8 Juil 2010 - 19:58 | |
| Bonjour à tous! Voilà la rubrique dédiée aux contes philosophiques... Ils seront ainsi tous regroupés... Je compte sur vous pour m'aider à l'enrichir !!! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Contes philosophiques Ven 9 Juil 2010 - 14:57 | |
| Ces textes sont d'une grande sagesse ... Des choses évidentes mais que l'on oublie parfois. Merci pour ces belles paroles. |
| | | tinymaab Animatrice "Les pèlerins de la sagesse"
| Sujet: Conte Lun 30 Mai 2011 - 10:34 | |
| Conte
Un Prince était vexé de ne s'être employé jamais qu'à la perfection des générosités vulgaires. Il prévoyait d'étonnantes révolutions de l'amour, et soupçonnait ses femmes de pouvoir mieux que cette complaisance agrémentée de ciel et de luxe. Il voulait voir la vérité, l'heure du désir et de la satisfaction essentiels. Que ce fût ou non une aberration de piété, il voulut. Il possédait au moins un assez large pouvoir humain. Toutes les femmes qui l'avaient connu furent assassinées. Quel saccage du jardin de la beauté ! Sous le sabre, elles le bénirent. Il n'en commanda point de nouvelles. - Les femmes réapparurent. Il tua tous ceux qui le suivaient, après la chasse ou les libations. - Tous le suivaient. Il s'amusa à égorger les bêtes de luxe. Il fit flamber les palais. Il se ruait sur les gens et les taillait en pièces. - La foule, les toits d'or, les belles bêtes existaient encore. Peut-on s'extasier dans la destruction, se rajeunir par la cruauté ! Le peuple ne murmura pas. Personne n'offrit le concours de ses vues. Un soir il galopait fièrement. Un Génie apparut, d'une beauté ineffable, inavouable même. De sa physionomie et de son maintien ressortait la promesse d'un amour multiple et complexe ! d'un bonheur indicible, insupportable même ! Le Prince et le Génie s'anéantirent probablement dans la santé essentielle. Comment n'auraient-ils pas pu en mourir ? Ensemble donc ils moururent. Mais ce Prince décéda, dans son palais, à un âge ordinaire. Le Prince était le Génie. Le Génie était le Prince. La musique savante manque à notre désir.
Arthur Rimbaud - Illuminations | |
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| Sujet: Re: Contes philosophiques | |
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